Protection sociale, hospitalocentrisme, quotas Inami,... : deux patrons de mutuelles tirent le signal d'alarme

Dans La Libre Belgique , les patrons des mutualités socialiste et chrétienne tirent à l’unisson le signal d’alarme. Jean-Pascal Labille (Solidaris) et Elisabeth Degryse (MC) réclament un gel des économies imposées à leurs OA, un financement correct de la protection sociale, une révision de la logique d'hospitalocentrisme... La recette ? Inverser le centre de gravité, redémarrer de la personne, de ses besoins en prévention, puis en matière de 1ère ligne, plaident-ils. « Les MG doivent être sortis du système des quotas des numéros Inami ». Extraits.

Jean-Pascal Labille et Elisabeth Degryse estiment qu’après 2 ans de pandémie, le moment est venu de défendre - ensemble - la cause de leur secteur, le rôle central que les mutualités ont à jouer pour retisser du lien dans une société blessée, pour jouer les porte-paroles, pour leurs membres en difficulté et leurs employés, dont ils disent la surcharge de travail « gigantesque » depuis la crise.

On a retrouvé une progression du budget des soins de santé de 2,5 % par an, admettent-ils, alors que « c'était la catastrophe sous Maggie De Block ». Mais même avec ces 2,5 %, un certain nombre de choses ne sont pas assez couvertes, notamment dans la santé mentale. Autre objectif qu’ils disent poursuivre, c'est « la limitation des suppléments d'honoraires ». Selon eux, quand les gens reportent des soins, c'est en partie à cause cela.

Un point les interpelle, écrivent-ils encore, "l'hospitalocentrisme". D’où leur suggestion : renverser le centre de gravité, redémarrer de la personne, de ses besoins en prévention, puis en matière de première ligne, puis remonter vers les hôpitaux. « On ne peut pas tout faire démarrer des hôpitaux ».

Pour les deux patrons mutuellistes, il faut financer les missions des OA à leur juste hauteur. « Les gens ne savent pas à quelle porte frapper. » Et de citer l’ITT, où les dossiers sont devenus d'une complexité invraisemblable. « Il faut simplifier la réglementation pour qu’ils soient payés plus vite et que la charge de travail de nos collaborateurs diminue, parce qu'elle n'arrête pas d'augmenter (+ 37% entre 2016 et 2020). » Et ce, alors que les frais d'administration des mutuelles n'augmentent pas de la même manière. D’où le plaidoyer pour un refinancement de leurs missions.

Dans ces missions, confient-ils encore, il y a aussi la volonté de construire le système de santé de demain. « Un élément important, c'est la réforme de la première ligne de soins, tant en Wallonie qu'à Bruxelles où l'on manque de généralistes. Or, le médecin généraliste et les maisons médicales sont des éléments centraux dans le système de santé, par leur proximité avec les personnes. »

D’où leur invitation à « prendre de la hauteur dans ce dossier et tenir compte des vrais besoins des gens, en réalisant un véritable cadastre des besoins de la population ».

Prise de position de leur part, également, sur le contingentement : il faudrait sortir la médecine générale de la règle classique, isoler les généralistes et certaines spécialités qui sont en pénurie. Ils ne sont pas contre la planification, mais « une planification objective ». Et de pointer une situation de pénurie qui est problématique. « En Wallonie, il y a une commune sur deux où il n'y a pas assez de MG. Et à Bruxelles, il y a un quartier sur trois qui est à risque de pénurie. » D’où leur suggestion : sortir de cette question des numéros Inami pour les médecins généralistes, revaloriser la première ligne, et donc effectivement augmenter le nombre de MG.

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Derniers commentaires

  • Stefano BARILE

    22 février 2022

    Les mutuelles se plaignent de la charge de travail de leur employés et réclament un refinancement de leurs “missions”… Sont elles conscientes de l’augmentation colossale de la charge de travail administrative qui est de plus en plus déchargée (par inami, mutuelles et hôpitaux) sur les médecins travaillant en milieu hospitalier, dont ils doivent s’accomplir très souvent en fin de journée après une journée de travail clinique déjà exténuante et sans qu’ils puissent facturer le moindre euro supplémentaire? Je suis tout à fait d’accord avec le commentaire de Monsieur Goret… depuis l’informatisation des soins de santé le rôle des mutuelles est absolument inutile. Arrêtons ces entreprises dont le seul rôle est de faire du fric sur le dos des patients et qui grâce à l’argent et à leur politique basée sur le clientélisme augmentent et étendent de plus en plus leur pouvoir et leur sphère d’influence.
    … les patients qui postposeraient des soins de santé à cause des suppléments d’honoraires… c’est ridicule et pathétique… ces gens ne savent vraisemblablement pas de quoi ils parlent ou alors ils excellent dans l’art de la désinformation.
    Je me demande jusqu’où, nous médecins, nous allons les laisser faire …

  • Sammie SOETAERT

    22 février 2022

    Nous entendons régulièrement en consultation les membres du personnel des mutualités exprimer leur mal-être au travail. En matière de vrais besoins des gens, il conviendrait que chacun balaye devant sa porte et favorise la bienveillance managériale s'il n'est déjà pas trop tard.

  • Freddy GORET

    21 février 2022

    Les mutuelles touchent plus d argent que l ensemble des honoraires des médecins alors que l informatisation doit permettre une diminution de leurs frais mais l argent versé par l inami leur sert en fait à acheter des centres de vacances des agences de voyage des pharmacies et de soutenir des partis politiques etc … alors que les médecins généralistes et spécialistes les infirmières les kines les logo les psy .,. tirent le diable par la queue et subissent les ukases et les charges administratives imposées par ces mutuelles politisées un pouvoir peu contrôlé au sein de ce pays Un système totalement inexistant en France .. car totalement inutile et pourtant très coûteux dont le rôle peut très bien être rempli par l inami à moindre coût vu l informatisation croissante de la sécurité sociale Enfin selon l OCDE la pauvre Belgique est un des pays les plus corrompus d Europe ….