10 propositions du PS: la gratuité des généralistes et la lutte contre les pratiques privées des spécialistes

A l’approche des élections, les partis dévoilent leur programme et particulièrement leur programme santé. Pour ce premier article , la parole est donnée au Parti Socialiste qui fait part de 10 propositions dans le domaine de la santé.

La volonté générale du Parti socialiste est de donner la priorité à l'amélioration des conditions de travail et à l'augmentation des salaires, avec une proposition de réforme fiscale pour augmenter le revenu net des salariés de 300 euros par mois.  La réduction du temps de travail est un autre axe important pour lui qui va de pair avec le renforcement de la Sécurité sociale et des soins de santé.

1 - Une meilleure place à la concertation

Au sein de son programme « santé », le PS entend évidemment fixer à 3% la norme de croissance du budget des soins de santé entre 2025 et 2029. Il lui paraît urgent de  « redonner sa place à la concertation dans les arbitrages budgétaires effectués au sein de l’assurance-maladie. » 

2 - Les pénuries de médicaments

Il souhaite aussi inciter les firmes à mener des recherches cliniques en phase avec les besoins de santé avérés de la population en établissant  « une liste de médicaments répondant aux besoins de santé tels qu’identifiés par l’organe de santé publique et arrêtée par la ou le ministre de la santé publique. » Pour lutter contre les pénuries de médicament, il souhaite le développement des alternatives génériques et biosimilaires. 

3 - Gratuité chez le généraliste

Pour lui, il est aussi essentiel d’instaurer la gratuité chez les généralistes et les dentistes en supprimant la part payée par les patients (tickets modérateurs) et aussi de mieux protéger les patients grâce à un « bouclier tarifaire » limitant les suppléments d’honoraires pour les hospitalisations, les consultations et examens hors hôpital (ambulatoire). Le PS veut augmenter les moyens des dispositifs Impulseo I, II et III. Il souhaite aussi sensibiliser le corps médical à la méthode « Teach-Back » ( communication par reformulation). En effet, 40 à 80% des informations médicales lors des consultations sont oubliées. 

4 - Lutter contre les suppléments

A partir de 2024, des suppléments sont interdits pour les patients bénéficiaires de l’intervention majorée (patients BIM). Le PS propose d’étendre cette interdiction à d’autres catégories de patients (moins de 18 ans, patients souffrant de maladies chroniques, patients âgés, etc.) et de plafonner les montants des honoraires pour les autres catégories en fixant des tarifs maximum obligatoires. L’interdiction des suppléments pour les consultations doit s’appliquer aussi bien dans le milieu hospitalier que hors de l’hôpital. Enfin, il souhaite encadrer les suppléments dans les hôpitaux en fixant un volume maximum que chaque hôpital est tenu de ne pas dépasser. 

5 - Le défi climatique 

La santé passera aussi par l’intégration des défis climatiques en renforçant  le secteur de la prévention et de la promotion de la santé : Il faudra aussi financer les efforts de transition et de décarbonation des hôpitaux via une réforme des mécanismes de financement des infrastructures hospitalières en Wallonie et à Bruxelles et développer une véritable politique coordonnée de gestion des déchets hospitaliers.

6 - Plan cancer

Parmi ses priorités, le PS propose d’adopter en début de législature deux plans interfédéraux pour le cancer et les maladies chroniques (maladies respiratoires, maladies neurodégénératives, diabète...) et d’augmenter considérablement les moyens liés à la prévention primaire et à la détection précoce de ces maladies. En matière d’autonomie, l’un des enjeux des années à venir, « le défi des soins des personnes plus âgées passera par l’adoption d’un plan interfédéral « autonomie » pour faire face aux défis de la dépendance pour garantir la qualité de soins (à domicile ou en institutions) et les choix de vie ».

7 - Lutter contre la pratique privée des spécialistes 

Le PS entend aussi lutter contre la fuite des praticiens hospitaliers vers les pratiques privées en instaurant une transparence maximale des tarifs. Il propose aussi de valoriser le statut des prestataires conventionnés en leur réservant une série d’avantages en dehors du simple remboursement de leurs prestations (primes informatiques, primes d’installation, primes de pratique INAMI selon des paramètres de population et/ou de prestataires sur une zone déterminée....). 

8 - Mieux financer les hôpitaux

Pour lui, il est temps aussi de faire évoluer le financement des hôpitaux vers un système de forfait all-in par pathologie et par admission. La réforme du financement hospitalier doit aussi lutter contre de nombreux suppléments de chambre « cachés » . Enfin, il tire la sonnette d’alarme : « il faut éviter les risques de vases communicants : le risque de transfert du personnel médical vers l’ambulatoire est réel. »

Cette approche de l’hôpital doit aussi permettre de mieux financer les missions transversales de l’hôpital comme l’infectiologie, la garde, etc....et de renforcer son rôle en tant que « plateau technique unique » pour tous les actes techniques et prestations médicales (hors consultations) qui y sont prestés 

9 - Cybersécurité

Le financement d’un master plan « cybersécurité » est une priorité

10 - Violence et pénibilité 

Enfin, il souhaite que l’on définisse la pénibilité pour les métiers du soin et de l’aide à la personne, notamment les aspects des métiers lourds (pension, régime de chômage avec complément d’entreprise, crédit-temps)  sans oublier de prévenir et lutter contre les violences à l’égard des prestataires.  Le PS veut augmenter la sévérité des sanctions. 

> Jeudi prochain, dans la newsletter et sur notre site, les 10 propositions des Engagés

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Derniers commentaires

  • Charles KARIGER

    26 mars 2024

    Et tout ceci aux frais de qui ? des médecins ? (Il est décrit qu'il faut "protéger les patients" grâce à un « bouclier tarifaire » contre ces salopards qui sont tous très riches...)

  • Charles KARIGER

    21 mars 2024

    Médecine gratuite…. aux frais des soignants et particulièrement des médecins !
    Les seuls suppléments que les électeurs du P « S » nous accordent sont les suppléments de charges et de responsabilités NON rémunérées.
    Oui, faux indépendants… Dr Deliveroo ou plutôt Dr Deliver00.

  • Bernhard GERBER

    21 mars 2024

    Chers membres du Parti Socialiste,
    Je vous écris pour exprimer mon appréciation pour les initiatives que le Parti Socialiste envisage de prendre en matière de santé publique, notamment en ce qui concerne l'adoption de plans interfédéraux pour le cancer et les maladies chroniques, ainsi que l'augmentation des moyens dédiés à la prévention primaire et à la détection précoce de ces affections.

    Cependant, en examinant de plus près ces propositions, je ne peux m'empêcher de remarquer une lacune importante. Parmi les maladies chroniques énumérées, telles que les maladies respiratoires, les maladies neurodégénératives et le diabète, il est regrettable de constater l'absence des maladies cardiovasculaires.

    Les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité et de morbidité en Belgique, touchant particulièrement les personnes défavorisées. Il est donc impératif que toute politique de santé publique complète et efficace inclue des mesures spécifiques pour prévenir et traiter ces affections dévastatrices.

    Je vous encourage vivement à considérer l'importance des maladies cardiovasculaires dans le contexte de vos priorités en matière de santé publique et à envisager des mesures concrètes pour aborder cette problématique majeure.

    Je reste convaincu que le Parti Socialiste continuera à jouer un rôle crucial dans l'amélioration du bien-être de tous les citoyens belges, en garantissant l'accès à des soins de qualité et en mettant en œuvre des politiques de santé publique équilibrées et inclusives.

    Je vous remercie de votre attention et je me tiens à votre disposition pour toute discussion supplémentaire sur ce sujet.

    Cordialement,
    Professeur Bernhard Gerber
    Président Société Belge de Cardiologie.

  • Pierre GLORIEUX

    20 mars 2024

    Avec le système "all in hospitalier" on file vers une médecine d'état.... dont le patient sera la première et principale victime....

  • Erik FRANCOIS

    19 mars 2024

    Les propositions 1, 2, 5, 6 et 9 sont du vent, et ne signifient rien. Autant dire qu'on est pour que les gens soient en meilleure santé, pour la paix dans le monde, et pour l'eau potable.

    Proposition 3: la gratuité n'a jamais montré de bénéfice réel. Les 3 euros demandés actuellement sont symboliques, mais au moins signifient vaguement que la médecine a un coût. Supprimer cela n'a aucun sens, hormis dévaloriser complètement l'acte médical.

    Propositions 4 et 7: je persiste à ne pas comprendre en quoi le patient n'a pas le droit de choisir une chambre privée ou de consulter un spécialiste extra-hospitalier. Le PS veut, comme notre ministre fédéral actuel, infantiliser la population. Le PS sait mieux que le citoyen quel médecin il doit consulter. Pourquoi cette haine du médecin? Pourquoi les patients persistent-ils à vouloir aller chez des spécialistes en privé? (indices: le temps passé, le service rendu, la compétence, l'indépendance).
    Rappelons que si le système belge est tant apprécié, c'est à cause de son patchwork d'offre, la disponibilité de ses médecins, et, oui, l'aspect libéral de l'ensemble. Etatiser encore plus la chose est un non-sens complet. Par ailleurs nombre de mesures punitives et haineuses proposées ne feront faire aucune économie au budget. Ce sont des mesures, au contraire, qui visent à diminuer l'offre médicale, à punir les médecins (de s'être dévoués sans compter à leur profession), mais pas même à faire des économies.

    Proposition 8: forfait all-in, avec limitation des actes bien entendu. Ici on vise bien les économies par le rationnement. Un scanner, mais pourquoi donc, Madame? Une prise de sang? M'enfin Monsieur, rentrez-donc chez vous, il me semble que vous allez bien, et vous avez déjà dépassé le séjour remboursé.

    Pour enchaîner sur le commentaire du Dr A.S.: contrairement au Royaume Uni, la volonté semble être ici non seulement de tout étatiser mais aussi d'interdire cette pratique privée "2 vitesses". Nous finirons par avoir encore moins de choix qu'au pays du NHS.

    Je suis sidéré du mépris pour les médecins que montre le ministre fédéral, et qui transparaît ici dans ces propositions.

  • Taniyel Dikranian

    19 mars 2024

    Les syndicats devraient organiser un débat contradictoire avec les représentants des différents partis politiques et leurs programmes en matière de santé.

  • Françoise PIRONT

    19 mars 2024

    seul médicament pour le PS :en suppo.

  • Martine LEGRAND

    19 mars 2024

    BINGO , diplôme universitaire , docteur en médecine , chirurgie ,accouchement après 7 années d' études et dès le premier jour , un salaire de fonctionnaire pour 32 h semaine réparties sur 4 jours .
    j' aimerais qu' on pense à nos aînés dans les maisons de retraite et aux conditions de travail dans celles-ci
    bonne journée
    legrand martine

  • Didier Maassen

    18 mars 2024

    Il y a une autre voie…
    Transformons-nous en consultants.
    C’est lucratif et ça n’engage à rien…

  • Alexandre Sarafidis

    18 mars 2024

    La rue rue Londonienne est naturellement : Harley STREET.
    Naturellement pas difficile de prendre le TGV ET de se rendre en consultation à Harley Street .
    Cela ne sera pas al portée des 99% des Belges !!!!!

  • Alexandre Sarafidis

    18 mars 2024

    Sans le déclarer ouvertement, le PS décide D’aller vers le système UK.
    Le système conventionné et déconventionné qui est la base de notre système de santé , n’a plus de raison d’être avec le mesures prévues par le PS( suppression des honoraires libres pour les déconventionnés)
    Allons au bout de la logique et transformons les médecins en fonctionnaires bac + 12-15 avec un salaire de fonctionnaires correspondant à 38h semaine naturellement voir 4jour semaine 32h comme pour les autre fonctionnaires dans le future comme le PS PRÉVOIT LA SEMAINE DE 4 jours de travail .
    Les délais ne seront pas quelques jours ( en privé) ou quelques semaines dans le public actuel mais 6 à 12 mois voir plus pour un délai pour un rdv comme en Angleterre .
    Sans doute seront il obligés de laisser une pratique hors Inami vu les règles de la CE MAIS DANS CE CAS LE prix de la consultation sera équivalente à celle de la celle rue Londonienne 500-1000€!!! Voilà la vrai médecine a plusieurs vitesse que le PS dit combattre . Il en sera le géniteur en déclarant l’inverse . Mais c’est sans doute l’évolution naturelle du système avant la robotisation de la Médecine grâce à l’IA . N’ayons crainte les robots seront efficaces et même empathiques et seront peu malades , ne ferons pas grèves .
    Ces robots et ces programmes auront naturellement un coût .

  • Luc ERPICUM

    18 mars 2024

    Je pense qu’il serait opportun de basculer vers un titre de promotion sociale du type « coach en santé » et laisser notre pratique aux autres acteurs de la santé.
    A quand une dénonciation pour l’utilisation des médecins en tant que « faux indépendants »