Mons-Borinage : un «véhicule d’intervention» de médecine générale 

Le déficit d’accès aux soins affectant une partie de la population, c’est décidément LA question qui taraude David Bouillon, MG près de Mons. Il a fait customiser un motor-home en cabinet de consultation, qu’il a baptisé «Lagardère». Avec son épouse infirmière, il rencontre les «patients de l’ombre», SDF et autres précarisés, voire ainés isolés. Ou plus exactement : il les rejoint s’il y a sollicitation. «On ne fait pas de la médecine foraine. On se déplace sur appel».

Le Dr Bouillon, en région montoise, la presse commence à bien le connaître. Il faut dire qu’il est remuant. C’est à lui qu’on doit l’initiative de la «pharmacie solidaire», il y a six mois : la récupération de médicaments non périmés, leur examen par un pharmacien partenaire et leur redistribution en cas de besoin à des nécessiteux. Même si l’initiative lui a attiré les foudres de divers protagonistes, «dont certaines unions de pharmaciens, elle se poursuit toujours bien», affirme le MG. Il rapporte être allé expliquer à plus d’un endroit (Ordre, CMP, cabinet De Block…) qu’il ne sortait pas des plates-bandes assignées à un médecin en matière de délivrance d’urgence de médicaments. Quelque part, il nourrit toujours l’espoir de faire un jour réviser l’arrêté imposant aux officines de détruire le non-utilisé.

David Bouillon faisait déjà des dépistages (cholestérol, HTA, diabète…) «au cœur des cités», avec un Médibus emprunté à Médecins du Monde. Il dispose à présent de son propre espace de consultation roulant. Il s’agit d’un motor-home avec cabinet embarqué, percé d’un accès arrière pour hisser à bord les patients à mobilité réduite. Et avec une table d’examen, un éclairage et une intimité offrant de bien meilleures conditions d’examen qu’un intérieur insalubre et surpeuplé de curieux. Le MG se dit prêt à y officier «24 h/24, 7 j/7» avec son épouse infirmière et à se déplacer à 20-30 kilomètres à la ronde. «Nous avons un numéro d’appel unique gratuit, le 0800 12 505 – avec le 505 pour rappeler le sigle ‘ SOS’.»

Le Dr Bouillon, qui a préalablement exposé son projet à l’Ordre provincial, ne manque pas de souligner qu’il s’agit d’un véhicule d’intervention. «Lagardère ne sillonnera pas les rues pour faire du rabattage. Il faut qu’il y ait appel.» Une solide anamnèse téléphonique permettra, dit-il, d’écarter les demandes abusives. Sa dernière intervention ? Sur la place de Mons où, avec l’aide des éducateurs de rue, il a persuadé un sans-abri mal en point de se laisser soigner. «On compte agir aussi en médecine communautaire, sur des foyers de gale, de pneumonie, de tuberculose.»

En renfort-caisse des MG débordés ?

Quand en conférence de presse la question fuse de savoir pourquoi et avec quels fonds il fait ‘tout ça’, le généraliste répond «avoir 55 ans et l’envie d’exercer d’une façon engagée» pour sa dernière ligne droite professionnelle, «en apportant une vraie aide là où sont les besoins». Il a réglé de sa poche les 50.000 € du véhicule, dit-il. Il évalue être payé 7 fois sur 10, appliquant le tiers payant si les bénéficiaires sont en règle de mutuelle. S’il n’a pas réussi à réunir de bonnes fées subsidiantes autour du projet, il dit sentir l’intérêt monter du côté de divers CPAS et espère des collaborations avec les 112, 107, relais santé… Son rêve ? Que Lagardère «fasse des jeunes ailleurs en Wallonie».

N’a-t-il pas peur que son entreprise soit mal comprise, décriée, par les confrères du coin ? «J’en ai averti les cercles locaux, Mons et le Borinage. Je veux agir en complémentarité, apporter les soins là où ils manquent.» D’après lui, «il y a du travail pour tout le monde de nos jours. J’aimerais proposer aux confrères d’agir en renfort si par exemple, ils sont débordés par des appels.»

 > Lire aussi : Précarité sévère: la médecine en mode Lagardère

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