Test Achats et Solidaris veulent la fin des suppléments pour les analyses de laboratoires

Les laboratoires privés ont tendance à facturer des analyses effectuées par des prestataires conventionnés au nom de prestataires non conventionnés, afin de pouvoir empocher des suppléments, ressort-il vendredi d'une enquête menée par Test Achats et Solidaris auprès de 12 laboratoires privés. L'organisation de défense des consommateurs et la mutualité socialiste demandent en conséquence au ministre fédéral de la Santé de supprimer ces suppléments, "injustifiés".

Un prestataire de soins conventionné applique les honoraires négociés avec les mutuelles, tandis qu'un non-conventionné est libre de fixer les tarifs qu'il souhaite et donc de réclamer des suppléments qui sont entièrement à la charge des patients. Dans leur enquête menée sur l'année 2020, Solidaris et Test Achats se sont penchés sur les prix d'analyses d'échantillons effectuées par 12 laboratoires privés qui représentent 90% des suppléments facturés pour les activités ambulatoires (soit les analyses demandées en dehors de l'hôpital, majoritairement par les généralistes).

Il en ressort que les laborantins non conventionnés semblent analyser quatre à cinq fois plus d'échantillons que les conventionnés. À l'inverse, pour les analyses Covid (pour lesquelles les suppléments sont interdits), les collaborateurs conventionnés prestaient environ deux fois plus que leurs collègues non conventionnés.

"Des variations peuvent exister, mais cette disproportion soulève évidemment pas mal de questions", pointe le secrétaire général de Solidaris, Jean-Pascal Labille.

Au total, les suppléments facturés pour les analyses de laboratoire représenteraient entre 7,9 et 8,6 millions d'euros pour la population, calcule la mutualité. Ils passeraient pourtant inaperçus aux yeux de la patientèle en raison de leur montant peu élevé (entre un et six euros de plus que le ticket modérateur), selon l'enquête de Solidaris.

"Quand un généraliste veut faire analyser un échantillon, le patient n'a aucune prise sur le laboratoire et encore moins sur la personne qui va l'analyser", souligne Test Achats. Or, "une règlementation adoptée en 2017 visant à protéger les patients des abus stipule clairement que les suppléments ne peuvent être facturés que si le patient en a été informé au préalable et a marqué son accord".

Étant donné que le patient n'a ni contact avec le laborantin, ni le choix entre prestataire conventionné ou non conventionné, Solidaris et Test Achats appellent le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke, à supprimer "purement et simplement" ces suppléments d'honoraires. Ces laboratoires sont en outre loin d'être sous-financés et la pandémie a représenté une hausse de leur chiffre d'affaires d'environ 20% entre 2019 et 2020, ajoutent les deux organismes.

Par ailleurs, "si un patient constate sur sa facture des suppléments dont il n'était pas informé, nous lui recommandons d'interpeller le laboratoire ayant effectué l'analyse en faisant valoir qu'il n'avait pas marqué son accord sur ces suppléments, et qu'ils sont dès lors illégaux", conclut l'organisation de défense des consommateurs.

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.