En 2015, le gouvernement wallon adoptait le Plan wallon de Lutte contre la Pauvreté (PLCP). Ce plan prévoyait le déploiement des maisons médicales (MM). L’Iweps, l’Institut wallon de la statistique, a voulu voir si et comment ces structures améliorent l’accès aux soins de 1ère ligne pour les moins nantis.
L’Iweps s’est penché sur 92 structures de soins de 1ère ligne dont les 78 ASI (les « associations de santé intégrée » agréées par la Région). Un paysage hétérogène, qu’on ne se représente pas toujours bien. On peut, d’après lui, classer l’ensemble en trois grands «tiroirs».
Il y a un gros groupe de 45 MM totalisant +/- 100.000 patients, des asbl créées au début des 90ies, tournant au forfait, implantées dans des zones défavorisées et des centres urbains – par ex. Liège et Charleroi. Le second groupe comprend 40 MM pour 74.500 patients. Ce sont des asbl bien plus récentes (+/- 2013), fonctionnant en majorité à l’acte et situées dans des communes (semi)-rurales, mais pas uniquement, présentes notamment sur Namur et en province de Luxembourg. Le dernier groupe comprend 7 jeunes structures au forfait, non structurées en asbl et souvent affiliées à la Feprafo, une fédération plus récente que la FMM ou Médecine pour le peuple.
La conclusion liminaire de l’Iweps est que le PLCP n’a pas eu d’impact sur le développement des MM wallonnes. Il a repris deux politiques préexistantes et déjà financées (la politique d’agrément et de subside aux ASI en œuvre depuis 2000 et les subventions du fonds européen Feader pour améliorer ou créer des ASI en zone rurale instaurées mi-2015). Il y avait bien une 3ème mesure prévue dans le Plan (faire éclore des MM en zones économiquement fragiles) mais elle n’a jamais vu le jour. Bref, en tant que tel, le PLPC n’a pas influencé le développement des MM, conclut l’Iweps. Il fait remarquer que cette ambition n’était pas assortie d’un budget spécifique défini au départ. Dans les aides libérées par ailleurs, il cite un subside annuel moyen par ASI de 57.000 €, et 4 millions Feader répartis sur 19 projets.
Quelque 95% des Wallons se soignent en pratique MG «classique» à l’acte (exercée en solo ou en groupe non agréé), 3,6% en MM au forfait et 1,3% en MM à l’acte. L’Iweps a comparé le profil de patientèle des trois milieux. Les MM au forfait sont fréquentées par une patientèle qui, au vu de différents indicateurs (pourcentage de BIM, de bénéficiaires du RIS, de chômeurs longue durée…), est plus précarisée que celle des MM à l’acte et, surtout, des MG classiques. Cela ne s’explique pas seulement par le contexte de la commune où sont implantées ces maisons, ajoutent l’auteure du rapport. On a ainsi 42,6% de BIM en MM au forfait contre 19,9% en pratique classique, ou encore 12,2% de chômeurs contre 8,8%. Le nombre de contacts annuels moyen est le plus élevé en MM à l’acte, puis en MM au forfait et enfin en MG classique.
Maison médicale au forfait (AIM) | Maison médicale à l'acte | Pratique à l'acte classique | Total | |
Bénéficiaire de l'intervention majorée | 42,6% | 27,2% | 19,9% | 20,8% |
Bénéficiaire du RIS ou du GRAPA | 9,2% | 5,2% | 3,5% | 3,7% |
Bénéficiaire d'allocations de chômage | 12,2% | 8,8% | 8,7% | 8,8% |
En situation de chômage de longue durée (plus de 12 mois) | 5,3% | 4% | 3,8% | 3,9% |
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