La multiplication des organes décisionnels a perturbé le fonctionnement habituel de gestion de crise

La multiplication des organes décisionnels et des groupes de travail ainsi que l'intégration des Régions ont perturbé le fonctionnement habituel de gestion de crise lors de la première vague de la pandémie de Covid-19, a déploré vendredi la Protection civile devant la commission spéciale Covid de la Chambre. L'unité de commandement a aussi manqué, a renchéri la Défense. "Si les objectifs et les rôles étaient mieux définis au préalable, on aurait sans doute gagner un peu de temps", a déploré Cédric Erken, directeur de la Protection civile.

Cédric Erken, directeur de la Direction générale de la Sécurité civile, Nicolas Tuts, chef d'unité de la Sécurité civile à Crisnée et son collègue Johan Boydens de l'unité de Brasschaat, ainsi que le lieutenant-colonel Thierry Walbrecq de la Défense, étaient entendus vendredi après-midi par la commission spéciale Covid de la Chambre à propos de la gestion de la crise du coronavirus par la Belgique.

Les deux organes ont été sollicités dans le contexte de gestion de crise, ce qui a été salué par les députés.

La Protection civile, qui intervient automatiquement lors d'une phase provinciale ou fédérale de crise, a été essentiellement sollicitée pour faire face à la pénurie de matériel de protection, tant sur l'approvisionnement que l'acheminement. Celui-ci a été organisé via un hub national installé à la caserne de Peutie (vilvorde), en Brabant flamand. M. Erken, a qualifié ce dispositif de "bonne pratique". Selon lui, la réflexion sur la mise en place d'un hub permanent, ou à activer rapidement, doit être ouverte. Quelque 200 millions de masques ont aussi été acheminés, même si aucune directive n'a été reçue de la p art de la santé publique pour reconstituer un stock stratégique.

La Protection civile est enfin intervenue 88 fois en maison de repos pour mettre en place des ailes "covid". Elle a aussi produit elle-même 120.000 litres de gel hydroalcoolique en début de crise.

La Défense a aussi apporté son soutien logistique en deuxième instance via, notamment, l'hôpital militaire Reine Astrid (HMRA) à Neder-over-Heembeek, qui devrait accueillir prochainement un centre de vaccination. Elle est aussi intervenue en maison de repos et a assuré différents transports.

Les représentants de la Protection civile et de la Défense ont pointé certaines difficultés organisationnelles. "Il serait nécessaire de se mettre autour de la table afin de revoir les processus en terme de gestion de crise", a suggéré le colonel Walbrecq. "Quand on sollicite la Défense, c'est important de parler en terme d'effets et d'évaluer les capacités nécessaires afin d'atteindre cet effet", a-t-il pointé. "Il manquait une analyse globale au niveau du centre de crise car elle n'avait pas toujours toutes les informations au bon moment, en raison du nombre important de groupes de travail." 

"En cas de gestion de crise, les différents partenaires doivent travailler de concert. Une discipline ne peut pas travailler plus vite qu'une autre", a renchéri M. Erken. "Habituellement, dans les processus décisionnels de gestion de crise, les différentes disciplines viennent au "Comité fédéral de coordination" (Cofeco) avec des analyses. In fine, ce sont toujours les politiques qui décident et nous exécutons. Ici, on a eu l'impression que certaines décisions étaient prises dans certains forums et organes différents. Cela a perturbé le fonctionnement habituel" de gestion de crise, a déploré le directeur de la Protection civile.

"Nous travaillons sur base du système de l'arrêté royal 'planification d'urgence'", a-t-il ajouté. "Et, dans ce plan, les Régions n'apparaissent pas. Le rôle des Régions (compétentes en matière de prévention de la santé, ndlr) a perturbé nos habitudes", a-t-il indiqué, précisant que la deuxième vague a été davantage gérée dans un "schéma classique".

Les représentants de la Protection civile ont ainsi estimé que la province, avec leur gouverneur, restait le niveau de pouvoir le plus adapté en matière de sécurité civile. M. Erken a enfin qualifié d'"occasion manquée" la non integration de la Protection civile dans le plan pandémie élaboré en 2006.

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