Le système de santé ukrainien mis à rude épreuve, avertit l'OMS

Treize jours après le début de l'invasion russe de l'Ukraine, le système de santé ukrainien est soumis à de fortes pressions. L'approvisionnement en médicaments essentiels et en équipement médical est ainsi restreint, met en garde mardi la branche européenne de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui a déjà enregistré 16 attaques contre les services de soins depuis le début de la guerre.

"Cela fait maintenant treize jours que l'offensive militaire a commencé en Ukraine. À travers le pays, le système de santé est soumis à de fortes pressions et, à l'extérieur de ses frontières, il s'agit de la crise des réfugiés qui connaît l'expansion la plus rapide en Europe depuis 75 ans", a déclaré mardi le directeur régional de l'OMS, le Belge Hans Kluge, lors d'une conférence de presse virtuelle.

Le directeur de l'OMS Europe a mis en avant trois priorités. "Tout d'abord, nous nous efforçons d'acheminer les fournitures sanitaires nécessaires en Ukraine et de garantir un système durable de 'passage sûr' pour la livraison des fournitures sanitaires humanitaires là où elles sont nécessaires dans le pays", a exposé M. Kluge. "Les médicaments essentiels à la survie, tels que l'oxygène et l'insuline, les équipements de protection individuelle, les fournitures chirurgicales, les anesthésiques et les produits sanguins, font défaut", a-t-il relevé. Jusqu'à présent, deux livraisons avec 76 tonnes de fournitures médicales ont ét&eacu te; acheminées.

La deuxième priorité identifiée par l'OMS Europe est de veiller à ce que les pays voisins disposent des infrastructures et des compétences nécessaires pour répondre aux besoins sanitaires des Ukrainiens qui y arrivent. L'organisation a d'ailleurs envoyé des équipes d'experts en Hongrie, en Pologne, en Moldavie et en Roumanie. 

D'après le dernier bilan de l'agence des Nations unies pour les réfugiés, plus de deux millions de personnes ont désormais fui l'Ukraine, principalement des femmes et des enfants. "Toutes les personnes qui cherchent refuge, y compris les étrangers qui résidaient en Ukraine, doivent être autorisées à se déplacer en Europe", a insisté M. Kluge. Elles ont, entre autres, besoin de vaccins contre les maladies, de services de santé pour les jeunes mamans, les nouveau-nés et les enfants. Ces expatriés, dont l'exil a été forcé, ont également besoin d'un soutien en matière de santé mentale et d'accompagnement psychosocial.

Enfin, la troisième priorité relevée par l'OMS Europe consiste à apporter un soutien par le biais d'un centre opérationnel de l'OMS à Lviv, en Ukraine.

Le directeur régional a également souligné que les travailleurs de la santé, les hôpitaux et autres installations médicales ne devraient jamais être pris pour cible, "même pendant les crises et les conflits". "À ce jour, nous avons 16 cas confirmés d'attaques contre le système de santé en Ukraine, et d'autres doivent encore être vérifiées", a-t-il souligné. "L'OMS condamne fermement ces attaques."

L'OMS Europe a également abordé l'évolution de la pandémie de Covid-19 en Ukraine. Malgré la guerre, le pays continue à surveiller les indicateurs épidémiologiques, a applaudi M. Kluge. La semaine dernière, 731 décès dus au coronavirus ont été enregistrés dans le pays. "Malheureusement, plus la pénurie en oxygène va s'accroître, plus ce nombre va augmenter", a déploré le directeur régional. "Les personnes âgées seront touchées de manière disproportionnée alors que leur accès aux soins de santé est perturbé. Et parce que seul un tiers des plus de 60 ans est entièrement prot& eacute;gé par un parcours vaccinal complet."

Il a également été demandé à M. Kluge si la Russie pouvait rester membre de l'OMS, mais il a répondu que cette décision relevait de l'Onu. "Notre objectif est de fournir une aide humanitaire à toutes les personnes dans le besoin, même si elles vivent dans la Fédération de Russie", a-t-il conclu.

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