Les cas de tuberculose augmentent en Belgique en raison de la paupérisation grandissante

Le nombre de patients atteints de la tuberculose dans le monde est en hausse, y compris en Belgique, à cause de l'augmentation de la précarité, alerte mercredi Action Damien, à la veille de la journée internationale de lutte contre cette maladie contagieuse. La hausse des prix de l'énergie, les répercussions de la pandémie de coronavirus et les flux migratoires, dont notamment ceux en provenance d'Ukraine, auront une influence sur cette évolution dans les prochains mois, prévient l'organisation, qui se mobilise en faveur des personnes souffrant de la tuberculose.

Celle-ci est la deuxième maladie infectieuse la plus meurtrière après le Covid-19. Chaque année, 10 millions de personnes dans le monde se la voient diagnostiquer et 1,4 million en meurent.

Selon les derniers chiffres disponibles, la Belgique a dépisté 830 nouveaux cas en 2020, soit 138 de moins qu'en 2019. "Contrairement à ce que l'on pourrait croire, cette baisse n'est pas une bonne nouvelle, car celle-ci est à mettre sur le compte de la crise du Covid-19, qui a incité moins les gens à se faire tester", situe Action Damien. "Cette situation est très préoccupante, d'autant plus lorsque l'on sait qu'à l'échelle mondiale, une personne sur quatre est atteinte d'une infection dormante."

C'est surtout le variant multirésistant de la tuberculose qui préoccupe Action Damien, "d'autant plus avec les millions de personnes qui fuient l'Ukraine". Il y a en effet davantage de gens dans ce pays qui sont contaminés par ce variant qu'en Belgique. Ils doivent dès lors recevoir d'autres traitements que ceux administrés généralement en cas de simple infection. "Il est donc possible qu'en Belgique, nous assistions à une hausse des cas de tuberculose résistante", met en garde l'ONG.

Face à cette situation, la vigilance et le dépistage médical régulier s'imposent comme une évidence, estime-t-elle. Des dépistages préventifs sont déjà organisés en Belgique, notamment par Fedasil, en collaboration avec les partenaires d'Action Damien que sont la VRGT (Association flamande des soins de santé respiratoires et de la lutte contre la tuberculose) et le Fonds des affections respiratoires (Fares).

Pour Action Damien, "la meilleure prévention pour éviter l'épidémie demeure l'offre d'un traitement adéquat et rapide. Un logement décent est essentiel en la matière".

Raison pour laquelle l'ONG verse des fonds à Belta, l'association coupole de l'organisation flamande VRGT et du Fares, qui offre un hébergement aux patients tuberculeux sans abri, pendant toute la durée de leur traitement. Un projet donnant "d'excellents résultats".

"La principale cause déterminante de la tuberculose est la précarité et l'inégalité, tant à l'échelle nationale qu'internationale. La hausse des prix de l'énergie, les répercussions économiques du coronavirus, la guerre, les changements climatiques auront très probablement un impact sur le nombre de cas de tuberculose", prévient le docteur Vinciane Sizaire, directrice du Fares. "Les personnes en situation précaire, qui stressent pour leur survie ou qui souffrent parce qu'elles ont dû fuir leur pays ou qu'elles ont été exploitées constituent le plus grand groupe à risque.

"Il faut plus de moyens, de flexibilité pragmatique et de volonté politique, mais cette approche reste rentable. Cela nous coûtera effectivement plus cher si nous ne faisons rien", analyse-t-elle.

Pour guérir complètement d'une simple tuberculose, les patients doivent prendre des pilules durant six mois, et durant neuf mois pour sa forme multirésistante.

"Les patients doivent suivre scrupuleusement le traitement. Or ce n'est pas toujours le cas, car la maladie touche souvent la personne qui est la source des revenus de base de la famille", note encore l'ONG.?Ces personnes mettent alors souvent terme à leur traitement pour pouvoir continuer à subvenir aux besoins de leurs proches.

Depuis 2010, Action Damien a pu détecter la tuberculose chez quelque 2,5 millions de personnes dans le monde, ce qui correspond à entre 200.000 et 300.000 cas par an. En 2020, l'organisation a diagnostiqué 220.630 personnes atteintes de la maladie et a permis de guérir 210?.935 patients tuberculeux.

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Derniers commentaires

  • Marie-Louise ALLEN

    24 mars 2022

    La précarité! dans un des pays les plus riches du globe. Et dans laquelle on va jeter, comme à la Géhenne, tous ces monstrueux soignants qui osent imaginer qu'ils sont faits comme les autres et ne souhaitent pas d'un vaccin qui a actuellement bien démontré son absence d'effet sur la contamination, in et out.... à moins que ces données ne soient pas extrapolables aux soignants, qui seraient d'une autre espèce...???

  • Yvo PIRENNE

    24 mars 2022

    On a relâché le dépistage systématique de la tuberculose dans les écoles, on a diminué la vaccination par le BCG, on a supprimé les sanas on a découvert des traitements performants mais qui exigent une discipline et une compliance qui est hélas souvent abandonnée car les patients se sentent bien et arrêtent leur thérapeutique ce qui entraine des rechutes et favorise l'apparition de résistances. Je pense qu'il faudrait revenir aux sanas et augmenter la prévention des rechutes et des contamination