Les enfants encore trop exposés à la publicité d'aliments mauvais pour la santé

Même si les entreprises agroalimentaires promettent de ne pas s'adresser directement aux enfants, ces derniers sont encore trop exposés à de la publicité pour des aliments mauvais pour la santé, ressort-il mardi d'une analyse de Sciensano des engagements et pratiques des plus grandes entreprises agroalimentaires belges en matière d'alimentation, de santé et de prévention de l'obésité. Les entreprises devraient "renforcer leur politique et leurs actions dans ce domaine", estime Stefanie Vandevijvere, chercheuse à l'Institut de santé publique.

Un environnement alimentaire malsain signifie qu'en raison de certains facteurs (économiques, physiques et politiques), choisir des produits mauvais p our la santé est plus facile qu'une alimentation saine. Il s'agit d'une des multiples causes de l'obésité et maladies chroniques liées à l'alimentation, "problèmes de santé majeurs en Belgique", selon Sciensano.

Dans quelle mesure les géants de l'alimentaire y contribuent-ils ou, au contraire, l'améliorent-ils ? C'est ce qu'a voulu déterminer le projet BIA-Obesity qui, pour la première fois, analyse les engagements et pratiques des grandes entreprises agroalimentaires belges en la matière.

Trente-et-une entreprises ont été passées à la loupe lors de cette recherche, comprenant des fabricants d'aliments emballés et de boissons non alcoolisées, des restaurants à service rapide et des supermarchés. Six domaines ont été scrutés : la stratégie alimentaire de l'entreprise, la formulation du produit, son étiquetage, sa promotion ainsi que celle de la marque, l'accessibilité au produit et les relations avec d'autres organisations.

Les engagements des entreprises varient fortement, avec des scores totaux attribués par Sciensano variant de 2 à 75%. La recherche relève que la plupart des entreprises disposent d'une stratégie alimentaire et que certaines s'engagent à mentionner le nutri-score sur leurs produits ou à réduire les teneurs en sel, sucre et graisses saturées. Toutefois, l'étude constate que les politiques visant à réduire l'exposition des enfants à de la publicité pour des aliments mauvais pour la santé devraient être renforcées. "Les actuels engagements volontaires visant à limiter le marketing axé sur les enfants ne sont pas efficaces", souligne Stefanie Vandevijver, qu i appelle à la prise d'actions.

Concernant les pratiques en matière de formulation, d'étiquetage et de promotion des produits, l'étude relève que seuls deux des 18 fabricants d'aliments emballés et de boissons non alcoolisés analysés affichaient un nutri-score A (le meilleur pour la santé) pour plus de la moitié des produits de leur portefeuille. Pour cinq entreprises, la majorité des produits était même affublée d'un nutri-score E, soit le plus mauvais. Par ailleurs, cinq sociétés n'avaient dans leur portefeuille que des produits dont la publicité auprès des enfants est interdite selon les directives de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Du côté des supermarchés, près de quatre produits sur dix de la gamme d'Aldi, Carrefour, Colruyt, Delhaize et Lidl affichaient un piètre nutri-score (D ou E). Les résultats des restaurants à service rapide McDonald's, Panos, Paul et Quick sont encore pires, avec plus de 41% de leurs produits au nutri-score D ou E.

"Les entreprises agroalimentaires belges ont encore une grande marge d'amélioration" pour contribuer à un environnement alimentaire sain, conclut la chercheuse Stefanie Vandevijvere, notamment en œuvrant à réduire la publicité d'aliments malsains destinée aux enfants et en renforçant l'accessibilité - l'offre et le prix - des produits sains.

Chaque entreprise analysée a reçu des recommandations sur mesure de la part de l'équipe de recherche.

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