A quoi vont servir ces durées standardisées? Seront-elles opposables aux médecins?
Philippe Mairiaux ne peut se prononcer sur ce que le monde politique fera, exactement, des conclusions du Collège. Dans l’esprit de celui-ci, les recommandations n’ont pas vocation à sanctionner, clarifie-t-il.
«Nous voulons d’abord et avant tout aider les médecins dans leur pratique. Il n’est pas toujours aisé, pour un jeune confrère par exemple, d’apprécier la longueur optimale de l’IT à prescrire: on n’y est pas formé à l’université, on manque de recul face à de possibles exagérations des patients…» Les futures RBP fourniront des repères. Indépendamment de toute logique de sanction, elles aideront les médecins à dire ‘non’ à qui réclame une durée inconsidérée. «Ils pourront objecter qu’il existe des recommandations de la sécurité sociale.»
Tant le trop long que le trop court ont leurs pièges. «Dans les pathologies à composante psychique, si l’arrêt de travail se prolonge, il y a risque d’isolement social, de perte de confiance. Une vraie spirale négative. Le consensus international encourage une réintégration aussi précoce que possible.» Prescrire des arrêts trop courts n’est pas toujours indiqué non plus. «Sur pression du patient, qui craint pour son emploi, le médecin traitant croit bien faire en donnant ‘deux semaines et puis on verra’… Puis renouvelle de toute façon le certificat. Ça complique le travail des mutuelles et la gestion de l’absence par l’employeur, qui peine à programmer le remplacement…» Philippe Mairiaux, donnant des formations à des médecins, a plus d’une fois entendu des objections du type ‘moi, je défends mes patients contre les patrons’. «Défendre son patient, ce n’est pas toujours procéder au renouvellement du certificat. Cela fragilise le lien de confiance avec l’employeur.»
Enfin, le professeur liégeois ne serait pas contre une identification, grâce aux durées standard, de ces «confrères heureusement très minoritaires qui sont notoirement des ‘médecins à certificats’ et qui font du tort à la profession». Et aux moyens financiers de la collectivité, du reste.
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