Soins de développement: il faut repenser les services de néonatologie belges (KCE)

Il n’est pas rare qu’un nouveau-né – surtout s’il est prématuré – doive être hospitalisé en néonatologie pendant quelques jours ou semaines. Les recherches en psychologie du développement ont été à l’origine des « soins de développement centrés sur l’enfant et sa famille » qui visent à minimiser la séparation entre un nouveau-né et ses parents et à favoriser les interactions entre eux en toutes  circonstances . Ces soins sont déjà proposés dans de nombreux hôpitaux belges, mais pas dans tous. Le Centre fédéral d’Expertise des Soins de santé (KCE) publie  aujourd’hui un rapport qui analyse les modèles de soins de développement décrits dans la littérature et la manière dont ils pourraient être optimalisés en Belgique.  

Environ 120 000 bébés naissent chaque année en Belgique, et 12 % d’entre eux doivent être  pris en charge en néonatologie, parfois pour quelques jours, mais parfois aussi pour plusieurs semaines. Les deux tiers sont des prématurés (c'est-à-dire qu’ils sont nés avant 37 semaines  de grossesse) et les autres sont des bébés nés à terme mais qui nécessitent des soins  intensifs pour d’autres causes (p. ex. une malformation congénitale).  

L’attachement, un concept fondamental 

Or, on le sait depuis les années 1950, les premiers jours de vie sont cruciaux pour la création  du lien d’attachement entre le nouveau-né et ses parents. Tout nouveau-né est biologiquement  programmé pour rechercher la proximité physique d'un adulte qui réponde à son besoin de  protection, et réciproquement, le bébé stimule ses parents à lui offrir proximité, tendresse et  confort. Une séparation précoce du nouveau-né et de ses parents peut perturber la constitution  de ce lien profond et avoir des conséquences sur le développement ultérieur de l'enfant, tant  en termes de santé physique que de santé mentale.  

Les soins de développement centrés sur le nouveau-né et sa famille 

Le concept d’attachement a fait l’objet de très nombreuses recherches en psychologie  développementale ces trente dernières années, pour mener au déploiement des « soins de  développement centrés sur l’enfant et sa famille ». Ces soins reposent sur un ensemble de  principes visant tous à minimiser la séparation entre un nouveau-né et ses parents et à  favoriser les interactions entre eux en toutes circonstances. La forme probablement la mieux  connue chez nous est le soin « peau à peau » aussi appelée « kangourou » qui consiste à  positionner le nouveau-né nu, poitrine contre poitrine et peau contre peau, avec l'un des  parents. L’Initiative Hôpital Amis des Bébés, qui a été introduite en Belgique par le SPF Santé  publique pour encourager l’allaitement maternel, fait aussi partie de cette démarche. 

Mais les soins de développement comprennent beaucoup d’autres dimensions, notamment  permettre aux parents d’avoir accès à l’enfant 24h sur 24, les former à comprendre les signaux émis par leur enfant et à y répondre, les familiariser avec des soins potentiellement intimidants  et les soutenir dans cette expérience émotionnellement fragilisante, etc.  Pour les soignants, les soins de développement sont très exigeants, car ils nécessitent  énormément de temps et de précautions vis-à-vis de l’enfant, mais aussi d’attention et de  disponibilité vis-à-vis des parents. Sans parler des nombreuses formations nécessaires pour  se maintenir à jour, car les connaissances scientifiques évoluent rapidement dans ce domaine.  

Déjà bien présents dans les services de néonatologie belges, mais pas encore partout

Beaucoup d’hôpitaux belges proposent déjà les soins de développement dans leurs unités de  néonatologie, mais c’est encore loin d’être le cas de tous. C’est pour cette raison que le KCE  a réalisé l’étude publiée aujourd’hui. Quels sont les modèles de soins de développement  décrits dans la littérature qui sont les plus valables ? Quelles sont les meilleures pratiques  mises en œuvre dans d’autres pays pour réduire la séparation entre l'enfant et ses parents ?  Comment les parents vivent-ils une telle situation ? Quels sont les obstacles et les facilitateurs  à l’expansion des soins de développement en Belgique ? Comment solutionner les problèmes  identifiés ? L'accent a été mis dans ce rapport sur les nouveau-nés prématurés mais ces  résultats sont bien sûr valables pour tous les bébés admis en soins néonatals, et ce tout  particulièrement dans le contexte actuel de raccourcissement des durées de séjour des  mamans en maternité. 

Repenser l'architecture des services néonatals

Les recommandations du KCE portent à la fois sur le court et le long terme. C’est en effet un  travail de longue haleine qui sera nécessaire pour favoriser la diffusion de cette philosophie  dans les hôpitaux. Par exemple, c’est dès aujourd’hui qu’il faut repenser l’architecture des services néonatals pour y faire plus de place aux parents, ou objectiver la charge de travail  des soignants afin de mieux définir le cadre du personnel nécessaire. C’est aussi maintenant,  dans la foulée de la réforme des hôpitaux, qu’il faut clarifier le financement des unités  néonatales intensives (NIC) et locales (N*) et des transferts entre elles.  

Mais en attendant ces changements qui prendront du temps – et des moyens –, certaines  mesures peuvent déjà être mises en place. Elles nécessiteront une certaine créativité pour  pouvoir réduire au minimum la séparation entre les parents et leur enfant et prévoir pour eux  des solutions d’accompagnement et d’hébergement. S’y ajoutent quelques recommandations  qui dépassent le cadre strict de services de néonatologie et qui ont une portée plus sociétale,  comme le renforcement des services d’aide aux familles à domicile ou la prolongation du  congé de naissance pour les pères ou les co-parents dont l’enfant est hospitalisé à la  naissance. 

> Découvrir la synthèse du rapport

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