Au CHU de Liège, un projet labellisé par le gouvernement wallon a pour objectif de développer une plateforme digitale et une application moble pour relier la vie quotidienne du patient à l'équipe interdisciplinaire de prestataires de soins et de cliniciens.
Comme la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson demande une attention particulière dans le suivi des patients surtout que ces derniers devraient doubler au cours des 10 à 15 prochaines années. Cette maladie neurodégénérative est complexe comme le reconnaît le Professeur Gaetan Garraux, du CHU Liège : « On est confronté à un problème de masse d’information (symptômes moteur et non moteur qui ont un impact sur la qualité de vie des patients) comme par exemple, les chutes de tension ou des problèmes mentaux ou psychologiques. Aujourd’hui, il est difficile pour un patient de rassembler toutes les informations dans un même environnement médical spécialisé surtout que la maladie va s’exprimer différemment d’un patient à l’autre. »
Dossier patient
Il insiste aussi : « Une étape importante sera d’incorporer toutes ces données analysées. Elles pourraient être injectées dans le dossier du patient avec les hôpitaux et les médecins traitants. Ce sera une étape importante dans le déploiement. »
Lorsqu’il a été contacté pour participer au projet "NeuroInsights" qui a pour objectif de développer une plateforme de santé numérique pour relier la vie quotidienne du patient à l'équipe interdisciplinaire de prestataires de soins et de cliniciens, il l’a trouvé intéressant : «Cela nous donne une vue plus globale et avec l’application smartphone on a l’avis du patient et de l’aidant proche. Cette donnée est importante parce que le patient essaie souvent d’embellir la situation. Cette application vient parfaitement en complément de la consultation où souvent, en une demi heure, on va à l’essentiel. La plateforme permet un meilleur suivi sur la durée et au quotidien surtout avec l’aide du smartphone qui est un objet du quotidien. »
Capture du mouvement
Concrètement, cette plateforme rassemble des données provenant de technologies non intrusives centrées sur le patient, telles que la capture de mouvements, l’analyse de la voix et diverses informations rapportées par le patient lors de ses activités. Les informations sont ensuite traitées pour détecter des événements spécifiques, la progression de la maladie et l'efficacité du traitement, permettant à l'équipe d'adapter le parcours de soins pour une meilleure qualité de vie avec une charge moindre. Pour Benoît Tas, le CEO de NeuroPath, « avec cet outil, notre volonté est de voir le patient mieux suivi. Tous les patients du CHU de Liège que l’on a filmé pendant 9 semaines, ont été très positifs parce qu’ils aiment partager les données. Cela les motive. » Il insiste aussi sur la réduction des coûts pour le système de soins de santé : « Aux USA, on montre qu’un patient de 50 ans mieux prix en charge, cela permet de réduire les coûts de 150.000 euros. » Avec cette application, le patient peut répondre à des questionnaires cliniquement validés et l’aidant proche sur la qualité de vie. Le patient va introduire les données dans le journal de planification et l’équipe soignante pourra mesurer 8 mouvements sur une échelle validée scientifiquement.
Un outil qui s’inscrit au coeur de l’actualité covid inévitablement selon lui : « Elle va permettre un meilleure suivi des patients dans le confinement. Cette crise va pousser a télémédecine. Je n’ai jamais vu autant de webinar sur la télémédecine sur ces derniers mois. »
Les étapes administratives
Il lui reste à franchir les étapes administratives de validation : « On est en train de rentrer le certificat européen classe 1 pour juin prochain. Après, il espère être sur la liste des applications remboursées par Maggie de Block d’ici la fin de l’année »
En attendant, en Belgique, l’application sera disponible même sans remboursement. «Une fois qu’on aura des données en quantité, on pourra fournir des données anonymisées pour l’industrie pharma ou les assureurs qui pourront conseiller à leur patient d’utiliser cette application pour réduire les coûts. »
6 mois d’attente
Ce projet, mené par la société NeuroPath en collaboration avec Multitel, l'ULiège/CHU, la Artevelde Hogeschool et Eonix, a pour objectif de développer une plateforme qui vise à pallier l'absence actuelle de points de contact réguliers entre le patient, le neurologue et les autres prestataires de soins. Le projet, d’une durée de 36 mois et d’un budget de 3,4 Millions d’€ sera suivi par les pôles BioWin et MecaTech. « Aujourd’hui, il faut 6 mois pour un rendez vous pour un nouveau malade au CHU, cette application nous permettra de ne pas attendre la date de la consultation pour avoir une intervention rapide sur le plan thérapeutique auprès des patients » reconnaît le Pr Gaetan Garraux