Le Groupement Belge des Omnipraticiens (GBO) a réagi à l'article récemment publié dans Medi-Sphère, qui présente les propositions controversées de l'ex-formateur fédéral Bart De Wever concernant la gestion des arrêts maladie prolongés. Ces propositions, visant à sanctionner les médecins qui prescrivent systématiquement des arrêts maladie longs, ont suscité de nombreuses inquiétudes parmi les médecins généralistes, déjà sous pression.
L'article , Sanction possible des médecins pour les arrêts maladie prolongés, met en lumière les propositions de De Wever, notamment l'introduction d'un certificat d’aptitude et la possibilité pour les entreprises de lancer un projet de réintégration dès le premier jour de maladie. Selon le GBO, ces propositions inversent la logique traditionnelle de la médecine en exigeant des médecins qu'ils déterminent ce que le patient peut encore faire, plutôt que de simplement indiquer son incapacité.
Le GBO souligne que cette approche, bien que séduisante sur le papier, risque de complexifier inutilement la tâche des médecins généralistes, qui doivent déjà jongler avec des consultations surchargées et des patients en détresse. La proposition pourrait ainsi entraîner des malentendus et des conflits supplémentaires entre médecins, patients et employeurs.
La stigmatisation des médecins : une menace pour la profession
Le GBO exprime une profonde inquiétude face à la proposition de cibler et de sanctionner les médecins qui prescrivent des arrêts maladie prolongés. Pour eux, cette initiative risque d'éroder la confiance envers les professionnels de la santé, en les plaçant sous une suspicion constante et en déstabilisant leur autorité morale. Le GBO rappelle que les médecins sont souvent confrontés à des situations complexes où ils doivent naviguer entre le bien-être du patient et les pressions extérieures, qu'elles soient économiques ou sociales.
La comparaison faite par l'hebdomadaire "Knack", qui qualifie les médecins de "gijzelaars" (otages) de leurs patients, est particulièrement révélatrice des défis que rencontrent les généralistes. Le GBO insiste sur la nécessité de préserver l'indépendance du médecin dans le cadre du colloque singulier, une interaction cruciale où l'équilibre entre empathie et fermeté doit être maintenu.
Le Trio médecins-mutuelle-travail
Le GBO plaide pour une meilleure collaboration entre médecins généralistes, médecins conseils de mutuelle et médecins du travail. Ce "Trio" pourrait, selon eux, jouer un rôle clé dans la gestion des arrêts maladie, en apportant une perspective plus équilibrée et en déchargeant les généralistes de certaines responsabilités administratives.
Cependant, le GBO note que cette solution est loin d'être optimale en raison de la pénurie actuelle de médecins dans ces secteurs. Sans une régulation adéquate et une meilleure coopération interdisciplinaire, le risque est grand de voir les médecins généralistes submergés par des tâches qui ne devraient pas leur incomber en première ligne.
"Ne tirez pas sur l'ambulance" : un appel à la réflexion globale
Le GBO conclut sa réaction par un avertissement clair et percutant : "Ne tirez pas sur l’ambulance !" Pour eux, la société doit reconnaître la complexité des enjeux auxquels les médecins sont confrontés. Ils soulignent que les généralistes sont souvent en première ligne face aux conséquences des crises sociales, économiques et environnementales, et qu'il est injuste de les tenir responsables des dérives systémiques. L’effet pervers en conséquence des mesures mises sur la table des négociations ne sera-t-il pas le risque de “désengagement” des prestataires et des employeurs vis à vis des plus vulnérables ?
L'association, dans sa dernière flash-info, appelle à une réflexion plus large sur les causes profondes de l'explosion des incapacités de travail, en lien avec la dégradation des conditions de vie et de travail, ainsi que les inégalités croissantes.
Pour le GBO, les médecins généralistes sont à la croisée des chemins entre le curatif et le préventif, et refusent d’être pointés du doigt dans le soutien qu’ils apportent à toutes ses chevilles ouvrières, performantes et non performantes. "Parce que la prospérité des régions, chère à nos femmes et hommes politiques, ne peut pas n’être qu’une prospérité économique mais doit aussi être une prospérité culturelle, mentale, physique, sociale, éducationnelle, affective, au service de tous."
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