Le scénario qui domine désormais la réflexion sur l’organisation de la garde semaine, dans (la majeure partie de) la province de Luxembourg et à Dinant, est l’ouverture de cinq postes en soirée, ramenés à trois aux petites heures. La dynamique a été initiée par l’asbl coupole PMG-LD, qui voit des secteurs de garde tirer la langue. C’est en tout cas avec ce modèle qu’elle espère décrocher un complément de moyens de l’Inami.
Début janvier, Medi-Sphere évoquait les démarches, jusqu’ici infructueuses, de PMG-LD pour obtenir du Fédéral des subsides autorisant l’ouverture de certains de ses postes en semaine (détails dans Medi-Sphere n°578). Faute de quoi, les cercles concernés (soit les cercles luxembourgeois sans l’AMGSL au sud, mais avec l’UOAD) songeaient à «faire passer au rouge» les zones critiques – critiques en termes de fréquence de garde – avec aiguillage des demandes de soins non planifiés vers les urgences. Ou encore à s’en tenir au strict prescrit du MG unique par 300.000 habitants.
La situation a-t-elle évolué, depuis? L’AG intercercles programmée la semaine passée a-t-elle amené des nouveautés, des décisions? Après avoir pris un avis juridique, PMG-LD a remisé les scénarios ci-dessus, risqués. «La ‘mise au rouge’, par exemple, serait synonyme d’un retour en arrière, comme avant l’organisation groupée de la garde population: chaque MG serait responsable de la continuité des soins à ses patients», indique Christian Guyot, président de PMG-LD. Quant à l’AG du 28 février, elle a consisté en une présentation de la vision de l’asbl, pour dissiper les zones d’ombre et susciter le débat, mais sans vote. «Chaque cercle concerné va rediscuter et voter séparément, lors de sa propre AG, en juin normalement.»
Si elle n’a pas accouché de décisions fermes, la grand-messe intercercles a été l’occasion de sonder les généralistes présents, à main levée, sur leurs préférences. «La majorité des confrères sont vraiment demandeurs d’une garde de semaine organisée collectivement. L’option de l’ouverture des PMG pour assurer celle-ci, avec cinq postes tournant en soirée et trois seulement la nuit, émerge comme le nouveau scénario dominant. C’est d’ailleurs le seul pour lequel on a l’espoir de pouvoir obtenir du Fédéral un financement durable», rapporte le Dr Guyot. Maggie De Block accepte de se pencher cet été sur le financement de la garde de semaine pour en définir les éventuelles modalités d’ici octobre, relate-t-il encore, mais moyennant que les médecins wallons mènent en avril, mai et juin une étude de fréquentation.
En attendant du concret sonnant et trébuchant, d’autres pistes sont explorées. La Province de Luxembourg, traditionnellement attentive à la densité médicale sur son sol, est sensibilisée à la problématique. «Elle examine comment parvenir de son côté à nous soutenir financièrement dans ce projet, à titre provisoire.» L’attention de la ministre Greoli, bien que la garde ne soit pas directement de son ressort, a été attirée également. Un autre coup de sonde donné lors de l’AG intercercles a appris à l’asbl qu’une bonne part des MG se disent prêts à céder leurs honoraires de disponibilité pour contribuer à faire tourner le système…
L’un des éléments qui joue dans le ralliement des généralistes au scénario d’une garde de semaine fondée sur les postes, c’est la perspective d’un volume de travail plus limité en nuit noire sous l’effet de l’écrémage du «1733 nouvelle philosophie». Dans le sillage de la FAGw qui s’efforçait de définir un fonctionnement uniforme du 1733 en Wallonie, «le conseil d’administration de PMG-LD a validé le système qui veut qu’en nuit profonde, les généralistes ne se voient plus adresser que 4 grands types de cas: les patients grabataires, en soins palliatifs, en MRS et les certificats de décès.» C’est en somme, pour ceux qui suivent le dossier, un basculement vers la logique déjà appliquée par le 1733 de Mons. «Et chez nous, c’est actif depuis le 1er mars», précise le Dr Guyot. L’effet filtre qui va en résulter devrait diminuer l’activité nocturne. «Cela nous conforte dans l’idée qu’il ne faut garder que 3 postes ouverts. Mais le problème, dans notre région, restera toujours les kilomètres à parcourir…»