André Meert est président du Ceges, le cercle de Seraing. Il est, comme nombre de ses homologues liégeois, déçu que le gros projet collectif de réseau de postes ait été mis en stand-by par le cabinet. Au-delà de ce coup d’arrêt, ce MG de 60 ans qui se présente comme un utopiste, livre quelques réflexions et opinions personnelles sur la garde. Il se prend à suggérer une enveloppe commune entre garde MG et urgences hospitalières, par exemple.

Le Dr Meert a plus d’un commentaire à faire sur la problématique de la garde. Il revendique par exemple de se préoccuper non pas de l’unique angle «pénibilité pour les MG», mais aussi de l’importance cruciale de ce service à une population qui vieillit, accumule les pathologies, a des difficultés à se trouver un médecin traitant. «La médecine générale, c’est historiquement un métier d’indépendant, mais qui a des tâches de santé publique», développe-t-il.

Un généraliste ne devrait donc pas, dans cette optique, se dédouaner en disant: ‘que les gens n’aient pas de médecin à appeler, ce n’est pas mon problème’. «Il y a toujours eu cette ambiguïté ‘profession libérale’ - ‘service public’. Mais les lois ont évolué dans le mauvais sens: Maggie De Block a déconstruit l’obligation de participer à la garde. Aujourd’hui, un MG qui décide de ne pas y prendre part n’est plus menacé de rien [par un arrêt ministériel de décembre 2015, la ministre a, à l’exception de la formation continue, annulé les anciens critères de maintien de l’agrément, qui incluaient la participation à la garde population, ndlr]. Un MG peut s’en retirer, dès lors qu’il se plie de son côté à l’obligation de continuité des soins pour sa patientèle. Moi, quand j’ai opté pour la médecine, j’étais guidé notamment par l’idée de rendre un service aux patients. Maintenant, on récompense les individualistes. C’est mal fichu. Il faudrait plutôt respecter les vertueux.» Selon lui, l’Inami devrait aider les cercles avec des contraintes de participation mais bien évidemment, en octroyant à la profession les moyens de cette mission.

Qu’il y ait, de la part de l’Inami, une volonté de standardiser le financement des postes paraît de bonne guerre au Dr Meert. Toutefois l’audit commandité par Maggie De Block s’est selon lui trop concentré sur la dimension exclusivement financière. «On en revenait toujours à la rentabilité. La garde ne peut pas être rentable la nuit. Est-ce qu’on demande aux pompiers, à la police, d’être rentables? A côté de cela, il n’y a pas d’évaluation qualitative du travail abattu durant cette garde, en termes de patients soulagés, de vies sauvées, ou que sais-je… Il n’y en a jamais. C’est lamentable. On parle juste pognon.»

André Meert se déclare également en faveur d’un tri commun avec les services d’urgence. «Il faut qu’un poste soit non pas dans l’hôpital, mais en tout cas à proximité et qu’il y ait, outre une régulation téléphonique des demandes de soins, un tri physique commun des patients qui se présentent, en amont, au pied de l’hôpital. Bien sûr, je revendique le statut d’utopiste. Mais je soutiens qu’il faudrait un système d’enveloppe commune pour le financement de la médecine générale de garde et de la garde assurée par les urgences.» C’est d’après le président du Ceges une piste pour que chacun arrête de tirer la couverture à soi.

Cette news constitue un complément à un article sur le projet liégeois de réseau de PMG, publié dans le Medi-Sphere n° 577 distribué ce jeudi 21 décembre 2017.