Lors du dernier congrès de l’ESC à Munich, le cardiologue Pieter Vandervoort (ZOL, UHasselt) a présenté les résultats de son étude DIGITAL-AF, qui visait à évaluer une appli pour smartphone destinée au dépistage de la fibrillation atriale.
L’outil a été testé chez très exactement 12.328 lecteurs du quotidien Het Belang van Limburg, et le ZOL a bien l’intention de réitérer l’exploit cet automne… mais à l’échelon de toute la Flandre, cette fois !
L'étude DIGITAL-AF a investigué la faisabilité et l’efficacité du dépistage de la fibrillation atriale à l’aide d’une appli pour smartphone certifiée UE.
Mesure par smartphone
Les participants ont été invités à utiliser leur propre smartphone pour mesurer leur rythme cardiaque deux fois par jour pendant une semaine et à introduire dans l’appli des symptômes tels que palpitations, essoufflement ou fatigue. Il leur suffisait pour cela de placer l’index de la main gauche devant la caméra de l’appareil pendant une minute, le rythme cardiaque étant ainsi mesuré par photopléthysmographie.
Les mesures du rythme cardiaque ont été automatiquement classées en quatre groupes : rythme normal, possible fibrillation atriale, autre irrégularité du rythme cardiaque ou qualité insuffisante. Celles qui trahissaient une possible fibrillation atriale ou une autre irrégularité du rythme étaient évaluées par des techniciens médicaux expérimentés sous la supervision de cardiologues.
L’âge moyen de la population soumise au dépistage était de 50 ans ; 58 % des participants étaient des hommes. Au total, 9.889 participants (80 %) présentaient un rythme normal (sinusal), 136 (1,1 %) une fibrillation et 2.111 (17 %) une autre forme de rythme cardiaque irrégulier. Chez 191 sujets (2 %), la qualité des mesures s’est avérée insuffisante.
Dans le groupe présentant une fibrillation atriale, l’âge moyen était de 63 ans et la proportion d’hommes de 7 sur 10. Les trois quarts étaient exempts de symptômes. Chez 38 patients (28 %), la fibrillation était “persistante ou permanente” et était dépistée dès la première mesure. Les 98 (72 %) présentaient une fibrillation “paroxystique” ; 13 d’entre eux avaient été identifiés lors de la première mesure.
Un diagnostic précis
Une centaine des 136 patients en fibrillation atriale ont complété un questionnaire ; il s’agissait d’un premier diagnostic pour 40 d’entre eux, dont 21 (53 %) ont consulté un médecin pour un second avis. Les soixante autres avaient déjà été diagnostiqués, mais 17 (28 %) ont adapté leur traitement après avoir vu un médecin.
“La vérification des diagnostics par les techniciens médicaux s’est avérée d’une grande précision, et cette étape pourrait donc être sensiblement réduite voire écartée d’un programme de dépistage”, a commenté le Pr Vandervoort. “D’après notre étude, il faudrait dépister environ 225 personnes pour poser un nouveau diagnostic de fibrillation atriale, ce qui représente un rendement tout à fait acceptable. Cette technologie a un vrai potentiel !